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Virus de la rhizomanie | Betterave

Beet Necrotic Yellow Vein Virus (BNYVV)

 

Symptômes et dégâts

Les symptômes de la rhizomanie apparaissent sous forme de foyers d’infection au niveau de la parcelle.

Sur les parties aériennes 

  • Jaunissement des nervures, décolorations et nécroses
  • Flétrissement des feuilles aux heures chaudes (dès juin)
  • Coloration jaunâtre ou vert clair (en fin d’été)
  • Forme allongée et longs pétioles des jeunes feuilles
  • Port dressé et étroit

Sur les racines 

  • Lorsque l’infection est précoce, le pivot reste petit et ne se développe plus à partir du moment de l’infection.
  • Le virus provoque la prolifération de nombreuses racines et radicelles latérales brunâtres ou blanchâtres. Ce symptôme est communément appelé « chevelu racinaire ».
  • Si l’infection est plus tardive et le pivot plus développé, un rétrécissement de l’extrémité de la racine et un chevelu racinaire important sont observables.
  • Les vaisseaux vasculaires peuvent se nécroser ou prendre une coloration jaune-brun à l’extrémité du pivot (coupe longitudinale). Des tissus tumoraux sont observables aux endroits de prolifération des racines latérales.

La rhizomanie est un des virus qui cause le plus de dégâts en culture de betteraves avec des pertes de rendement allant jusqu’à 70%. La teneur en sucre est également réduite et le chevelu racinaire augmente la tare-terre. Des variants surpassant les résistances variétales ont été récemment identifiés dans plusieurs localités en Belgique (2023) ce qui pourrait augmenter l’impact du virus dans les années à venir. 

Confusions possibles 

  • Nématode à kyste de la betterave (Heterodera schachtii)
  • Sol présentant une mauvaise structure

Biologie de la rhizomanie en betterave

biologie du pathogène

  • Plantes hôtes : De nombreuses chénopodiacées dont l’épinard.
  • Cycle de vie : Le BNYVV nécessite un microorganisme comme vecteur, le protiste (organisme unicellulaire) du sol Polymyxa betae, pour pouvoir se propager et infecter la plante. Pour provoquer une infection, ce vecteur doit contenir les particules virales en quantité suffisante. En effet, le protiste seul ne provoque aucun dégât observable. L’infection se fait via les zoospores (spores mobiles dans l’eau) de Polymyxa lorsqu’un film d’eau est présent sur un sol infecté. Le protiste peut également produire des cystosores (spores de résistance) qui peuvent survivre dans le sol pendant 15 à 20 ans. 
  • Facteurs favorables au développement de la rhizomanie : La présence d’eau (irrigation, proximité d’un cours d’eau, précipitations) favorise le vecteur du virus Polymyxa betae. Une température élevée dès le semis (20-25°C) est favorable à la germination des spores. Polymyxa betae se rencontre dans des sols à pH compris entre 6 et 8 et une forte teneur en ion calcium favorise sa multiplication.

Gestion intégrée de la rhizomanie en culture de betterave

Les principes généraux en matière de lutte intégrée contre les ennemis des cultures ont été fixés par le Gouvernement wallon. La lutte intégrée est obligatoire et les mesures sont regroupées dans un cahier de charge. Integreted pest management (IPM).

La lutte intégrée contre la rhizomanie repose exclusivement sur des mesures agronomiques et prophylactiques. 

IPM

A. Mesures agronomiques préalables à la culture

  • Rotation : En Belgique, peu de sols ne contiennent pas de Polymyxa betae. Néanmoins, il est important de maintenir un potentiel infectieux aussi faible que possible. Ce potentiel augmente avec l’implantation répétée de cultures sensibles (betteraves et épinards). Il faut donc ne pas mettre ces deux cultures dans la même rotation. Un délai d’au moins 3 ans est recommandé entre deux cultures de betteraves mais il est conseillé de l’allonger celle-ci au maximum. Le potentiel infectieux d’un sol ne diminue presque pas, même après 15 ans sans culture sensible.
  • Choix variétal : L’utilisation de variétés tolérantes ou semi-résistantes est la meilleure manière de lutter contre la rhizomanie. Cette pratique doit idéalement être utilisée dans toutes les parcelles où la rhizomanie est présente, même s’il ne s’agit que de petits foyers.
  • Gestion des adventices : Assurer un contrôle rigoureux des adventices hôtes.
  • Gestion de la terre contaminée : Il est très important de limiter la dissémination du champignon afin de limiter la dissémination du virus. Le champignon se propage principalement par les transferts de terre, qui sont donc à éviter en zone à risque. A noter que les écumes de sucrerie et les semences ne permettent pas de disséminer le protiste ou le virus.

B. Avant la plantation 

  • Raisonner l’apport en calcium (moins de 200 mg de Ca/100g de sol ralenti la multiplication de Polymyxa).
  • Assurer un sol drainé, structuré et à bon pH.
  • Nettoyer correctement les outils de travail du sol.

C. Plantation

  • Privilégier un semis précoce.

D. En cours de végétation 

  • Raisonner l’irrigation pour diminuer le ruissellement.

E. Récolte

  • Nettoyer correctement les outils de récolte.
  • Ne pas transférer de résidus de plantes

F. Traitements éventuels

Aucun traitement ne permet de lutter contre le virus de la rhizomanie ou contre son vecteur. 

Pour aller plus loin | Sources

Sur le site internet de l’IRBAB (Institut Royal Belge pour l'Amélioration de la Betterave asbl), divers documents relatifs à la gestion de la culture de bettrave (maladies, adventices, intercultures...) sont disponibles.

  • ACTA, (2016), Guide pratique de défense des cultures, pp 192-193.
  • Ephytia, (2021), Beet necrotic yellow vein virus, Virus de la rhizomanie, En ligne, consulté le 19/10/2023.

 

Légende: 

: Gravité du symptôme (varie graduellement entre vert, orange et rouge)

 : Fréquence du symptôme

 : Integreted pest management (Lutte intégrée)